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jeu de loi du travail
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27 juin 2016

Facebook est un phénomène croissant


C'est une histoire jeu social et de loi du travail où j'assitais un salarié qui était convoqué par son employeur en vue d'un éventuel licenciement.
C'est mon rôle de conseiller du salarié auquel il peut être fait appel dans les petites entreprises qui n'ont pas de délégués du personnel pour aider leurs collègues dans ces cas là face à un employeur qui veut les virer.
Il était en mise à pied conservatoire, ce qui veut dire qu'il lui avait été demandé de ne plus mettre les pieds dans l'entreprise avant une décision à prendre par l'employeur à la suite de cet entretien.
Généralement, c'est la porte ensuite car ces cas là sont normalement réservés aux salariés qu'on ne peut plus garder dans l'entreprise par exemple à cause de leur violence, de mise en danger d'eux-même ou d'autrui. Ou pour les besoins d'une enquête interne, parfois d'une enquête de gendarmerie quand les faits sont très graves.
Bien sûr, ce boulanger salarié me disait qu'il ne savait pas du tout ce qu'on lui reprocherait et je m'apprêtais à tenter de défendre son poste dans cette boulangerie de quartier aux couleurs d'une franchise bien connue.
La franchise, c'est fréquent en boulangerie: le commerçant se franchise à un réseau commercial pour profiter de son dynamisme.
Mais la franchise est aussi une qualité. Et sur ce coup là, le salarié n'a pas été très franc ni avec moi, ni avec l'employeur. Ce qui me laisse à côté d'une énorme envie de rire le sentiment d'avoir été pris pour un c...
C'est souvent amusant d'entrer dans des entreprises de toutes sortes pour ce type de mission. Ici les pétrins, les pâtons de pain, le four électrique, tout était maintenant au repos en fin de matinée car dans ce job on commence bien avant le jour.
Juste l'odeur agréable du pain juste cuit.
On se lève très très tôt dans le métier, sauf certains patrons devenus plus hommes d'affaires qu'artisans et qui apprécient le confort des horaires de bureau. Ceux là ignorent ce qui se passe dans l'entreprise au petit matin!
Le bureau dans lequel nous avons été invités à entrer avait un ordinateur allumé sur un fond d'écran personnalisé: des croissants et des pains.
Le patron, tendu, le visage rouge, a montré au salarié que j'accompagnais la direction de cette ordinteur "tu reconnais ça?".
Moi, je ne comprenais pas bien ce qui devait être reconnu et le salarié répondait pourtant "oui". Il reconnaissait l'ordinateur peut-être?
Je ne comprenais toujours pas quand me vint la révélation que ce que je prenais pour un fond d'écran banal était une photo affichée en vue de notre venue.
De la suite de l'entretien j'ai appris qu'un collègue du boulanger avait photogaphié au petit matin des pâtisseries que mon protégé aurait mis de côté "pour les piquer".
Celui ci jurait les grands dieux qu'il payait toujours en fin de mois ce qu'il emportait du magasin, ce qu'il reconnu faux quand il lui fut opposé qu'il payait juste sa baguette prise en partant à midi chaque jour.
Et là, alors que je contre-attaquais pour défendre le salarié et commençais à interroger l'employeur sur la fiabilité de cette photo qui aurait tout aussi bien pu être prise il ya 20 ans au bout du monde et ne prouvais rien, le patron tourna un autre écran plat vers nous.
Une page Facebook y était affichée.
"Et ça, c'est ta page Facebook. Tu la reconnais?".
Le boulanger prononçait "Fâche book", c'était peut-être de l'humour involontaire.
Car il y a bien des raisons de se fâcher quant à Facebook, mais ce n'est pas mon sujet.
Mon salarié assisté ne s'est pas fâché et a dit "OK, d'accord, c'est vrai".
Je me demandais bien dans quel pétrin j'étais tombé et ce qui pouvait être vrai, alors que je ne savais toujours pas ce qui avait été reconnu par le salarié deux minutes avant.
Je me suis avancé pour lire un commentaire sur l'écran: "Merci Fred pour les croissants chauds de 7h du mat. même quand il neige".
Deux ou trois autre messages du même style au sujet d'une fête réussie grâce à un gareau fourni par mon "client".
Ce gars là volait tous les matins aux aurores des croissants juste sortis du four pour les livrer en ville, tout chauds et sentant tout bon!
Avec la cammionnette de l'entreprise!
Et pas trop cher je suppose.
C'est un voisin insomniaque qui avait alerté le patron car il voyait tout de sa fenêtre qui surplombait les fenêtres du laboratoire de boulangerie.
Facebook, c'est pas trop l'endroit pour étaler ses petites arnaques à l'employeur et chercher des clients receleurs de croissants frais: ils y vont aussi, les patrons, la preuve!
L'histoire m'a bien fait rire une fois seul et elle n'est pas bien grave en fait car le boulanger indéliquat trouverait rapidement du travail dans ce métier très demandé.
Et surtout, le patron a accepté de ne pas porter plainte à la gendarmerie, au nom d'une collaboration ancienne et de "coups de mains" donnés autrefois.
Car cette indélicatesse est naturellement un cas de délit!
Ce qui est au final montre que ce patron boulanger est une bonne pâte de n'avoir pas mis son salarié davantage dans le pétrin.
En quittant la boulangerie j'ai acheté ma baguette pour midi (on est bien en France).
Même pas bonne! Je n'ai pas eu envie de gouter les croissants.
Quoique livrés tout chauds vers les 7h du mat, un croissant même moyen, ça vaut bien un like sur Facebook!
Le boulanger-salarié ne m'en veut pas d'avoir assisté à sa déchéance ce jour là , car il m'adresse maintenant des amis à lui qui ont des soucis dans leur travail.
Il ne m'a pourtant pas encore demandé à être son ami sur Facebook ; il a peut-être...viré sa page?

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